Invité : Olivier Gallemant, directeur chez Fastenal
Rédigé par : Claudine Fyfe, présidente de Fynlam
Réduire ses coûts n’a jamais été aussi stratégique. Mais derrière ce mot galvaudé — “économiser” — se cache une réalité beaucoup plus complexe : il ne s’agit plus de couper, mais de penser autrement.
Dans ce balado, Olivier Gallemant, nous invite à redécouvrir l’optimisation des coûts sous un angle humain, collaboratif et durable.
Son message est clair : la performance économique d’une organisation ne se décrète pas dans les chiffres, elle se construit dans la qualité des relations.
« L’optimisation des coûts indirects, ce n’est pas juste couper dans les dépenses. C’est repenser comment on travaille, avec qui, et pourquoi. »
Le coût invisible de la performance
Dans de nombreuses entreprises, les coûts indirects — transport, entretien, télécommunication, services professionnels — représentent une part considérable des dépenses. Pourtant, ils échappent souvent à l’attention stratégique.
Pour Olivier Gallemant, cette négligence est une erreur majeure.
« Les coûts indirects, c’est souvent la zone grise : personne ne s’en occupe vraiment, alors que c’est là qu’on trouve les plus belles marges de manœuvre. »
Ces dépenses, diffuses mais constantes, sont à la fois le miroir des habitudes et le levier des transformations futures. Les maîtriser ne passe pas par la contrainte, mais par la compréhension : comprendre ce qui est réellement utile, ce qui peut être partagé, et ce qui mérite d’être repensé.
Fastenal : une vision fondée sur la connaissance et le compréhension
À la tête d’une division de Fastenal, Olivier Gallemant s’est donné une mission : aider les organisations à mieux se comprendre.
Son entreprise développe des solutions d’optimisation et de gestion des coûts fondées sur l’analyse fine des besoins et la collaboration interservices.
« Ce qu’on fait chez Fastenal, c’est avant tout aider les organisations à se connaître elles-mêmes. Quand on comprend ses vrais besoins, on dépense mieux. »
Son approche repose sur un constat simple : les économies durables ne viennent pas des coupes budgétaires, mais de l’intelligence collective. La performance, selon lui, se trouve dans la capacité à fédérer les équipes autour d’un même objectif d’efficacité globale.
Du rapport de force à la coopération
L’un des messages les plus forts d’Olivier Gallemant concerne la relation fournisseur. Trop souvent perçue comme un rapport de force, elle devient un véritable partenariat lorsqu’elle repose sur la transparence et la confiance.
« Quand on bâtit une vraie relation de partenariat, on arrête de parler de prix et on commence à parler de valeur. »
Cette approche transforme la dynamique des négociations. Au lieu de chercher à réduire les prix, les entreprises et leurs partenaires identifient ensemble les gisements d’efficacité : délais raccourcis, meilleure qualité, partage de données, mutualisation de services…La logique de confrontation laisse place à une logique de co-création de valeur.
Innover pour mieux collaborer
Si la technologie joue un rôle clé dans cette transformation, Olivier insiste : l’innovation n’est rien sans intelligence humaine.
Les outils numériques de suivi, d’analyse et de communication permettent de visualiser les coûts et les processus, mais leur impact dépend de la capacité des équipes à en faire un usage intelligent.
« L’innovation, ce n’est pas juste avoir un logiciel dernier cri. C’est réussir à connecter les gens, les idées et les informations pour créer de la valeur. »
L’innovation, chez Fastenal, n’est donc pas une fin en soi : c’est un catalyseur de collaboration. En permettant de partager la donnée, elle favorise une prise de décision collective et éclairée, au service d’une performance plus durable.
La culture comme moteur
Toute transformation économique repose sur un pilier immatériel : la culture d’entreprise.
Pour Olivier, il ne peut y avoir de réduction durable des coûts sans une responsabilisation des équipes. Chaque collaborateur, du terrain, des opérations jusqu’ à la direction, doit comprendre l’impact de ses décisions quotidiennes sur la rentabilité globale.
« Tant qu’on n’a pas une culture commune autour de la gestion des coûts, on se contente d’ajuster au lieu de transformer. »
Cette culture commune se construit par la communication, la reconnaissance et le partage des succès. L’efficacité devient alors une fierté collective, non une contrainte imposée.
Des exemples qui parlent
Au fil de l’entretien, Olivier illustre ses propos par des cas concrets : entreprises ayant regroupé leurs services logistiques, mutualisé leurs achats de maintenance, ou encore automatisé certaines tâches répétitives.
Les résultats ? Des économies réelles, parfois spectaculaires, mais surtout durables et reconnues.
« Parfois, économiser ne veut pas dire couper. Ça veut dire faire mieux, autrement, ensemble.»
Dans ces exemples, la clé n’est jamais un logiciel miracle ou une négociation musclée, mais la capacité des équipes à réfléchir autrement.
Une vision renouvelée de la performance
Pour Olivier Gallemant, la gestion des coûts est devenue un outil de transformation stratégique. Elle ne se résume plus à réduire, mais à optimiser, à fluidifier, à rendre les organisations plus intelligentes et plus résilientes.
« La vraie économie, c’est celle qu’on fait sans que personne ne s’en rende compte, parce qu’on a juste mieux travaillé ensemble. »
Cette vision repose sur une conviction profonde : la performance collective est le fruit de la confiance et du dialogue. L’approvisionnement, quand il est bien fait, devient une source d’innovation et d’équilibre.
« L’approvisionnement et la gestion des coûts, quand c’est bien fait, deviennent des outils de transformation et non de contrainte. »
Note personnelle
Ce qui m’a marquée chez Olivier Gallemant, c’est sa façon de parler d’économie comme on parlerait de relation humaine.
Il ne cherche pas à séduire avec des chiffres, mais à convaincre par le bon sens : écouter, comprendre, collaborer.Sa phrase que je retiens :
« La vraie économie, c’est celle qu’on fait sans que personne ne s’en rende compte, parce qu’on a juste mieux travaillé ensemble. »
Dans un monde où l’on confond souvent réduction avec privation, son approche rappelle que l’efficacité n’est pas une coupe budgétaire, mais une culture partagée.
Ce balado est une invitation à revoir notre manière de gérer, de négocier, de collaborer. Car au fond, économiser, c’est avant tout créer plus de valeur avec les autres.

