Invité : Luis Antonio de Santa-Eulalia, professeur et chercheur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke
Rédigé par : Claudine Fyfe, présidente de Fynlam

Le podcast explore les mutations qui redéfinissent les chaînes d’approvisionnement et met en lumière le rôle stratégique que jouent la recherche universitaire et la formation continue. À travers une discussion avec Luis Antonio de Santa Eulalia, professeur et chercheur reconnu, on découvre comment les milieux académiques accompagnent les professionnels dans la résolution de problèmes complexes, tout en outillant la relève pour les défis à venir.

Un parcours à la croisée des mondes

Luis débute en partageant son passage du terrain à l’université. Ayant évolué dans des environnements où la gestion était surtout réactive, il a pris conscience de la nécessité d’une approche plus stratégique et anticipative. Cette expérience l’a motivé à se tourner vers la recherche pour explorer les causes profondes des problèmes opérationnels et concevoir des solutions durables, particulièrement utiles pour les PME.

Son profil hybride, entre pratique et recherche, lui permet de relier théorie et action et de proposer des cadres adaptés aux réalités du terrain.

La recherche comme outil de transformation

Luis met en lumière deux canaux clés de diffusion de la recherche universitaire :

1. Les articles scientifiques : Publiés dans des revues spécialisées, ces travaux sont rigoureux, évalués par des pairs, et accessibles à un public varié. De nouveaux formats, plus courts et synthétiques, répondent désormais aux besoins des gestionnaires qui cherchent des réponses rapides sans sacrifier la qualité.
2. Les communications en conférences : Elles permettent de présenter des résultats préliminaires et de favoriser le dialogue entre disciplines. Ces échanges interdisciplinaires sont essentiels à l’innovation et ouvrent la porte à des collaborations internationales fructueuses.

Les enjeux actuels des chaînes d’approvisionnement

1. Un monde en constante évolution : Crises sanitaires, tensions géopolitiques et transformations numériques poussent les entreprises à revoir leurs pratiques. Luis met en garde contre une vision technocentrée de la digitalisation, souvent réduite à l’achat d’outils sans réelle réflexion stratégique. Il insiste sur l’importance d’une transformation globale, qui passe par une culture d’innovation, une révision des processus et des investissements dans la formation.
2. Les défis des PME :
   • Un manque de ressources freinant l’adoption de technologies avancées.
   • Une culture orientée vers la réaction plutôt que l’anticipation.
   • Une connaissance limitée des outils numériques disponibles.

Pour y remédier, il recommande une intégration progressive des solutions digitales, accompagnée par des partenariats avec les universités, qui peuvent fournir un encadrement adapté et une expertise accessible.

Attirer la relève : changer l’image des métiers approvisionnement

Un enjeu fondamental demeure l’attractivité des métiers de la chaîne d’approvisionnement. Trop souvent perçus comme techniques ou peu valorisants, ces rôles souffrent d’un déficit d’image. Luis propose plusieurs pistes pour inverser cette tendance :

• Mettre en avant les valeurs modernes du secteur : durabilité, innovation, résilience.
• Offrir des formations ciblées : comme le microprogramme en gestion stratégique durable qu’il a contribué à développer.
• Transformer l’image des métiers : en soulignant leur impact stratégique, leur complexité et leur richesse.

Un microprogramme pour accompagner la transformation

Ce microprogramme universitaire de 2^e cycle, offert à l’Université de Sherbrooke, s’adresse aux professionnels en poste souhaitant renforcer leurs compétences tout en conciliant études et travail :

• Format hybride (en ligne et en présentiel), pour plus de flexibilité.
• Approche par projets réels, réalisés en entreprise.
• Modules stratégiques sur la négociation, la transformation numérique et la gestion durable.

Le microprogramme en gestion stratégique et durable de l’approvisionnement vise particulièrement les responsables d’approvisionnement en PME, avec un fort ancrage dans les enjeux actuels du terrain.

Une synergie nécessaire

Luis plaide pour une collaboration étroite entre les entreprises, les milieux académiques et les chercheurs. C’est dans cette alliance que se trouve la capacité à bâtir des chaînes d’approvisionnement :

• Plus résilientes face aux aléas,
• Plus innovantes et ouvertes à la transformation,
• Plus durables humainement et écologiquement.

La recherche ne doit pas être perçue comme un univers abstrait, mais comme un outil puissant et concret au service des organisations.

Note personnelle :

Pour Luis, l’innovation dépasse largement la dimension technologique. Elle inclut l’amélioration continue des méthodes de gestion, de l’organisation du travail et de la communication interne. Il souligne également le potentiel de l’intelligence artificielle, mais rappelle qu’elle ne peut être efficace sans une gouvernance solide des données. Avant d’adopter des technologies de pointe, il est essentiel de maîtriser les fondations : la qualité des données, la clarté des processus et la formation des équipes. Innover, c’est aussi apprendre à anticiper au lieu de seulement réagir.

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